Esthétiques actuelles de la photographie au Québec
Musée d’art contemporain, Montréal, 1982
Si la photographie de Sam Tata se concentre sur l’homme et ses rapports au monde, celle de Robert Walker simule l’annulation de cette présence. L’humain est ici trace accidentelle dans le foisonnement des couleurs et des formes de la cite. Les sujets de Walker sont les
objets d’où émerge la fébrilité des événements et des homme, sans différenciation. Une image aseptisée, exempte des confrontations franches et directes, ce pose ici en contradiction avec les réalités implacables qui s’y dessinent. Le désordre naturel à la vie urbaine, ses incongruities et ses violences, cependant retenus par Walker, sont contenus dans l’apparence distordue et tronquée des éléments représentés et transposés dans la virulence excessive des couleurs et la tension marquée des formes. L’emploi du procédé “Cibachrome” détermine l’exagération de ces pouvoirs expressifs et transforme les réalités photographiées en une pure interaction visuelle. L’effet d’irréalité de l’ensemble traduit le regard parfaitement ironique de Walker et la neutralité apparente de ses observations. Cette photographie soulève ainsi la question de la distanciation de la forme photographique par rapport aux contenus référentiels des éléments qu’elle “re-présente”.
Sandra Grant Marchand
Caption: New York, 1979